Kazuyoshi Miura, la vraie histoire de Captain Tsubasa (Olivier Atton)

Kazuyoshi Miura, la vraie histoire de Captain Tsubasa (Olivier Atton)

Kazuyoshi Miura, surnommé King Kazu, est un footballeur de légende au Japon. Sa carrière semble tout droit sortie d’un manga, et pas des moindres puisqu'il nous rappelle l'histoire d'un certain Captain Tsubasa (alias Olivier Atton).

En 2025, à 58 ans, il est encore joueur professionnel, ce qui fait de lui le plus vieux footballeur en activité au monde. Son parcours extraordinaire a de quoi fasciner les fans de ballon rond et surtout, de culture japonaise. Beaucoup le considèrent comme le célèbre héros  du manga Captain Tsubasa connu en France sous le nom Olive et Tom. En effet, l'histoire de Kazuyoshi Miura connait de nombreuses similitudes avec le jeune prodige de Nankatsu. Son épopée est semé d'embûches, depuis sa jeunesse au Japon jusqu’aux stades du bout du monde.

Voici un résumé de la carrière de celui qui a consacré sa vie au football et inspire encore toutes les générations.

De Shizuoka au rêve brésilien : Kazuyoshi Miura s'envole pour São Paulo à 15 ans

Kazuyoshi Miura est né en 1967 à Shizuoka, au Japon, dans une époque où le football nippon était encore peu populaire. Adolescent, il se prend à rêver d’une carrière internationale alors même que le Japon ne possède pas encore de ligue professionnelle. C'est à l'âge de 15 ans, en 1982, que le jeune Kazu ose tout quitter et s’envole pour le Brésil, le pays du football. Un peu comme le fera plus tard Tsubasa Ozora...

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Sans parler un mot de portugais, il intègre le centre de formation du modeste Clube Atlético Juventus à São Paulo. Loin de chez lui, le début est difficile, mais sa détermination est à toute épreuve. Chaque jour, sous le soleil brésilien, Miura s’entraîne dur et s’imprègne de la culture locale. Il apprend le futebol à la source, dans ce style fait de joie et de technique que l’on surnomme la samba du football.

Ses efforts finissent par payer : Miura est repéré par un club mythique, le Santos FC, il signe en février 1986 son premier contrat pro. Kazu devient ainsi le tout premier Japonais à devenir footballeur professionnel hors de son pays. Si jeune et déjà, son histoire ressemble aux prémices d'un manga...

La carrière de Kazuyoshi Miura au Brésil

Entre 1986 et 1990, le jeune attaquant japonais enchaîne les clubs brésiliens pour parfaire sa formation et gagner du temps de jeu. Santos, Palmeiras, Matsubara, Curitiba… Miura parcourt le Brésil en accumulant de l’expérience. C’est une période d’apprentissage intense, au cours de laquelle il côtoie de jeunes talents locaux et découvre la ferveur des stades sud-américains. En mars 1987, il inscrit son tout premier but officiel lors d’un match du championnat Paulista contre le grand Corinthians, offrant la victoire aux siens (3-2).

La vraie histoire d'Olivier Atton (Captain Tsubasa). Du Japon à la Coupe du  Monde de Futsal – MadeinFutsal

Ce jour-là, sous les ovations d’un public brésilien surpris de voir un Japonais briller ballon au pied, Miura comprend qu’il est en train de réaliser son rêve. Au fil des saisons, il réussit à marquer 7 buts en 59 matchs de Série A brésilienne, un bilan modeste comparé aux stars du Brésil, mais suffisant pour attirer l’attention à des milliers de kilomètres de là.

Au Japon, on commence à parler de ce prodige expatrié. Dans le pays du Soleil-Levant, où le manga Captain Tsubasa alimente les rêves de jeunesse, l’histoire de Miura fait écho : "Voici un compatriote qui vit pour de bon l’épopée fantasmée par la BD !" entend-on dans les médias et les discussions populaires. Miura devient une fierté nationale avant même d’avoir porté le maillot de l’équipe du Japon.

Cette immersion au Brésil, qui inspire encore des équipementiers comme Samba Futebol à concevoir des maillots en l'honneur du buteur japonais, forge le style et le caractère du buteur. Miura rentrera du Brésil transformé, avec dans ses bagages non seulement des maillots jaunes iconiques et des souvenirs précieux, mais surtout une technique raffinée et une confiance en lui dignes des plus grands brésiliens.

Retour triomphal au Japon : Miura devient le héros de la J-League

En 1990, après huit ans d’exil, Kazuyoshi Miura revient au Japon en véritable star montante. Il s’engage au Yomiuri FC (futur Verdy Kawasaki) et contribue immédiatement à la domination de son club dans les derniers instants du championnat japonais amateur (Japan Soccer League).

Lorsque la J.League professionnelle est lancée en 1993, King Kazu est fin prêt à éblouir la nation. Son retour coïncide avec un engouement sans précédent pour le football au Japon, porté par la création de cette ligue pro et la culture populaire incarnée par Captain Tsubasa. Miura répond aux attentes de la plus belle des manières : il conduit le Verdy Kawasaki aux titres de champion lors des deux premières saisons de J.League (1993 et 1994).

tphoto on X: "Kazuyoshi Miura (Verdy Kawasaki) in 93 J-League, Verdy  Kawasaki vs Jef United Ichihara 2-1 at Kawasaki in Japan on 16 June1993  photo by Masahide Tomikoshi / TOMIKOSHI PHOTOGRAPHY  https://t.co/K24DjVUyEc" /

Le Japon entier tombe sous son charme : les discothèques se mettent à danser la fameuse « Kazu Dance », directement inspirée des pas de danse exubérants avec lesquels Miura célèbre ses buts. Nommé meilleur joueur de l’année lors de la saison inaugurale 1993 et même Sacré footballeur asiatique de l’année, il devient le visage du football japonais.

Le style de Miura sur et en dehors du terrain marque durablement les esprits. Avec son sourire malicieux, sa coupe de cheveux emblématique et ses célébrations spectaculaires, il apporte un vent de fraîcheur et de cool attitude au foot nippon. Il incarne une nouvelle esthétique du joueur japonais, moderne et confiant, tranchant avec l’image traditionnelle et disciplinée à laquelle était cantonné le football local.

Kazuyoshi 'King Kazu' Miura breaks more records as the 55-year-old signs  for Portuguese club Oliveirense | CNN

En 1992, il remporte avec ses coéquipiers la Coupe d’Asie des Nations, offrant au Japon son premier titre continental. Kazu est alors au sommet de son art et de sa popularité. Son nom dépasse les frontières, et les recruteurs étrangers commencent à s’intéresser de très près à celui qu’ils voient comme le "Pelé japonais".

Kazuyoshi Miura, le « Captain Tsubasa » parti à la conquête de l'Europe et du Monde

Fort de son succès en Asie, Miura réalise un nouveau rêve en 1994 : tenter sa chance en Europe, comme son alter ego de papier Tsubasa qui part défier les champions internationaux.

Il rejoint le Genoa CFC en Italie, devenant ainsi le premier joueur japonais de l’histoire à fouler les pelouses de la prestigieuse Serie A. L’atterrissage est brutal : dès son premier match en septembre 1994, face au grand AC Milan, King Kazu fait face à la rudesse du Calcio et notamment la légende Franco Baresi en personne. Celui-ci lui casse le nez lors d’un duel musclé, l’obligeant à quitter le terrain sur blessure. Bien que rétabli par la suite, Miura peine à s’imposer durablement dans le championnat italien, très tactique et physique. Il ne marquera qu’un seul but sous le maillot de Genoa, mais pas n’importe lequel : un but inscrit lors du bouillant derby de la Lanterne contre la Sampdoria, offrant la victoire au Genoa ce jour-là. "Gagner le derby grâce à mon but a été une joie intense, je me souviens encore de cette émotion" confiera plus tard Miura en repensant à ce moment historique.

Kazuyoshi MIURA : l'éternel footballeur japonais

Après l’Italie, King Kazu tente une nouvelle escale en Croatie en 1999, au Dinamo Zagreb, puis multiplie les destinations exotiques : il jouera également en Australie (Sydney FC en 2005) et même au bout du Portugal plus récemment.

Au total, Miura aura joué sur quatre continents au cours de sa carrière (Asie, Amérique du Sud, Europe, Océanie). C'est un exploit rare qu’il partage avec quelques légendes comme Rivaldo ou son compatriote Keisuke Honda:. L’équipe nationale du Japon, qu’il a contribué à mettre sur la carte, ne lui offrira pas la récompense ultime : en 1998, alors que le Japon s’apprête à disputer sa première Coupe du monde en France, Miura est cruellement écarté de la liste des 22.

Miura lors de Japon - Corée Kazu Miura Games - Giant Bomb

Le sélectionneur Takeshi Okada, adepte d’une vision rigoriste, juge le joueur trop fantasque, le qualifiant de "Brésilien excentrique" en référence à son style de jeu peu conventionnel. Cette absence inexpliquée au Mondial 98 est un véritable coup de massue pour Miura, qui vivra la compétition devant sa télévision alors qu’il avait largement contribué aux qualifications (il avait notamment inscrit 14 buts en phase préliminaire).

Blessé dans son orgueil, King Kazu ne sera plus rappelé en sélection après l’an 2000, bouclant son parcours international sur un total impressionnant de 55 buts en 89 sélections, faisant de lui le deuxième meilleur buteur de l’histoire du Japon, derrière Kunishige Kamamoto.

Une longévité de légende : King Kazu, l’éternel jeune homme de 58 ans

La plupart des footballeurs raccrochent les crampons avant la quarantaine. Mais Kazuyoshi Miura, lui, a toujours refusé de voir la flamme s’éteindre. Dès le début des années 2000, alors que son influence diminue en J1 League, il décide de continuer sa carrière au niveau inférieur tout en restant dans son club de cœur, le Yokohama FC. En 2005, à 38 ans, il participe à la montée de Yokohama en J.League 1, avant de redescendre en J.League 2 les saisons suivantes.

Année après année, King Kazu repousse les limites de l’âge. En 2017, à 50 ans révolus, il marque encore un but en première division japonaise, battant le record de longévité détenu jusque-là par Sir Stanley Matthews (une autre légende du foot, retraité à 50 ans). Avec une hygiène de vie exemplaire et un amour pur du jeu, Miura déclare souvent qu’il continuera tant que son corps le lui permettra.

Kazuyoshi Miura, le vieux Samouraï - Asie - Japon - Yokohama FC - Portrait  - 08 Mars 2015 - SO FOOT.com

Cette passion intacte le pousse même à relever des défis insolites. En 2012, à 45 ans, il honore une sélection en équipe nationale japonaise de futsal, marquant un but en phase finale de la Coupe du monde de futsal la même année, preuve qu’il n’y a pas d’âge pour s’amuser avec un ballon.

Les années passant, Miura devient un véritable trésor vivant du football. Chaque apparition déplace les foules, même dans les divisions inférieures où il poursuit son chemin. En 2022, à 55 ans, il élargit encore son horizon en rejoignant le club d’UD Oliveirense au Portugal, devenant par la même occasion le joueur le plus âgé de l’histoire du football européen professionnel.

Et le conte ne s’arrête pas là : en juin 2025, Miura est toujours là, crampons aux pieds, à écrire un nouveau chapitre. Sous les couleurs de l’Atlético Suzuka en 4e division japonaise, il entame sa 40e saison professionnelle ! Entrant en jeu à 58 ans et 109 jours, il établit un record de longévité hors du commun. Le plus incroyable, c’est que pour lui, l’âge n’est qu’un détail : "Je n’attache pas d’importance particulière à mon âge. Ce qui compte, c’est ce que j’ai accumulé au fil des ans et ce que je peux encore apporter sur le terrain", dit-il en toute simplicité tout en continuant de s’entraîner avec la ferveur d’un junior.

Qui est « King Kazu », ce Japonais de 56 ans qui bat des records de  longévité pour un footballeur ? - Edition du soir Ouest-France - 25/04/2023

Après près de quatre décennies au haut niveau, Kazuyoshi Miura est devenu un symbole du pur football. Il a porté la tunique de plus d’une dizaine de clubs, des couleurs de Santos à celles de Tokyo Verdy, de Sydney à Suzuka. Véritable musée du foot mondial, le destin de Miura est digne d'une histoire à la Captain Tsubasa (Olivier Atton).

L’héritage éternel de King Kazu alias Tsubasa Ozoro (Olivier Atton)

Du petit garçon de Shizuoka qui décide un jour de partir seul au Brésil, au doyen des terrains acclamé de tous en 2025, l’histoire de Kazuyoshi Miura force le respect. Il a incarné pour le Japon ce que Tsubasa Ozora représentait dans la fiction : la foi inébranlable en un rêve et la volonté de se mesurer aux meilleurs pour faire triompher son pays. Même si la réalité ne l’a pas mené jusqu’à soulever la Coupe du monde avec le Japon, King Kazu a accompli quelque chose d’unique et de précieux : il a donné au peuple japonais l’envie d’y croire et aux fans du monde entier une formidable leçon de passion. 

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